L'ART DE CÉLÉBRER EN LITURGIE / NOTES À L'USAGE DES ÉTUDIANTS

Célébrer la liturgie : un art.

À première vue, il semble qu’il est difficile de parler de l’art de célébrer, parce qu’il s’agit d’un art à exercer, or la liturgie est d’abord une EXPÉRIENCE. Elle est le lieu d’une rencontre, le lieu où l’on passe d’une parole sur Dieu à une parole à Dieu. Pourtant, il s’agit bien d’un art. La liturgie comme expérience sensible demande d’être célébrée avec art. La liturgie nécessite un art de célébrer. Elle demande un art de faire. 

 

1. Célébrer comme art

1.1 Qu’est-ce que l’art de célébrer ?

Art= racine indo-européenne R’tam, qui signifie « mise en ordre ». L’art est une mise en forme des éléments qui forment un tout en se combinant à d’autre.  Mais qu’est-ce que l’art de célébrer en liturgie ? L’art de célébrer, c’est célébrer avec art. 

« Les rites manifesteront une noble simplicité, seront d’une brièveté remarquable et éviteront les répétitions inutiles; ils seront adaptés à la capacité de compréhension des fidèles et, en général, il n’y aura pas besoin de nombreuses explications pour les comprendre » (SC 34). 

Donc, l’art de célébrer est avant tout la bonne mise en ordre des éléments visibles, audibles, touchés, goûtés, sentis, qui constituent la célébration et permettent à l’invisible de la foi et de la grâce d’être manifesté. L’art de célébrer, c’est aussi la bonne mise en ordre des déplacements, des attitudes et des comportements, des paroles, des gestes, des lectures et des chants, au bon moment dans le temps, au bon endroit dans l’espace, au bon ton dans la communication, en bonne cohérence avec ce qui précède et suit, en bonne correspondance entre ce qui est fait et ce qui est dit (cf. CNPL, L’art de célébrer, t. 1, p. 14). 

 

1.2 La mise en œuvre du Concile Vatican II

Le maître mot de la Constitution sur la liturgie (publiée le 4 décembre 1963) est la PARTICIPATION ACTIVE des fidèles à cause de leur baptême. Pour cela, le Concile priorise :

- la célébration dans la langue du peuple. Prier et entendre la parole de Dieu dans sa propre langue. 

- retour à la simplicité des rites (la messe face au peuple) :

« La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5) » (SC 14).

 

L’art de célébrer demande une vraie réhabilitation du rite avec ses dimensions anthropologiques. Ici, en Haïti, nous avons un grand manque en ce sens. L’art de célébrer, c’est célébrer avec le corps. Le lieu primordial de la liturgie chrétienne est la corporéité nous dit Louis-Marie Chauvet. Dans la liturgie et par la liturgie, le plus corporel devient le plus spirituel (bapt, communion, ect..). 

L’art de célébrer = un dire et un faire avec des gestes et des attitudes « d’une noble simplicité » (SC 34), avec des comportements qui occupent l’espace qui s’y tiennent et lui donnent le sens de ce qui s’y fait. En liturgie, tout doit être bien harmonisée.

Faire participer les cinq sens : 

- L’ouïe= ce qu’on donne à entendre

- La vue : ce qu’on donne à voir dans la liturgie

- L’odorat= ce qu’on donne à sentir

- Le toucher : la matière des hosties doit être assez consistante pour rappeler qu’elle est du pain

- Le goûter : donner la possibilité aux fidèles de communier au sang du Christ en goûtant le vin 

 

1.3 La liturgie comme épiphanie de l’Église

La liturgie, c’est la manifestation de l’Église en prière. Dans les célébrations liturgiques, l’Église exprime ce qu’elle est. La liturgie est le lieu de la mémoire chrétienne, ce lieu où le vu et l’entendu, le touché et le senti, structurent, construisent l’identité du peuple en donnant à son esprit la matière signifiante sur laquelle il peut fonder son existence croyante et célébrante (id. p. 30). 

L’art de célébrer n’est rien d’autre rien d’autre que la mise en œuvre de cet acte de mémoire, l’anamnèse, de « Celui qui est, qui était et qui vient » (Ap 1, 8).

 

1.4 S’exercer à l’art de la composition

Il faut se laisser imprégner par la composition de l’espace liturgique. Je ne célèbre pas la messe de la même manière dans une église construite après Vatican II que dans une église ancienne, pas du tout de la même manière dans un quartier en plein air que dans une cathédrale. La liturgie met en œuvre un ensemble de figures symboliques : le bain d’eau qu’une parole accompagne, le repas eucharistique et la fraction du pain, l’onction des baptisés ou des malades ect.

Composition =  disposition : il y a un espace pour m’accueillir, mais comment j’entre dans cet espace ; comment j’entre dans la liturgie ? Il faut savoir composer le site liturgique. Il faut une entrée en célébration. 

L’art de célébrer suppose de jouer sur les divers registres de la voix, du regard, de l’attitude, des instruments, de la sonorisation, suivant les actions et leur logique propre. 

 

 

1.5 Pour une participation fructueuse (active)

La participation fructueuse ou active réside dans le fait de se laisser saisir par le mystère célébré. 

- participation intérieure ;

- participation extérieure.

Il faut savoir se taire, puis se laisser porter par le murmure de la louange du peuple saint, en cet espace où nous pouvons nous reconnaître en le nommant.

 

2. Célébrer avec la musique et le chant

2.1 La musique liturgique

La musique apporte à la célébration l’aspect lyrique, festif, dont elle a besoin. La musique est une chance offerte au rituel pour qu’il soit beau – et donc plus parlant –, pour qu’il soit plus ou moins solennel, plus ou moins développé. 

De ce fait, la grandeur de la musique liturgique et sa véritable qualité ne résident pas d’abord dans sa valeur esthétique, mais dans son attitude à donner tout leur déploiement, toute leur festivité aux divers rites dont est constituée la célébration. 

- respecter les acteurs et le rôle de chacun :

« Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques » ( SC 28).

 

 

2.2 L’art de célébrer de tout son corps par le chant

- Savoir ce qu’on doit faire. Se préparer. Bien prononcer les mots…. 

 

3. Célébrer dans l’espace liturgique

3.1 L’art de célébrer dans un lieu

- c’est un lieu influent : l’espace interpelle….. On ne se tient pas n’importe comment dans une église, on n’y parle pas n’importe comment. 

- c’est un lieu de rencontre : lieu de rencontre des hommes, frères et sœurs en JC, et rencontre du Seigneur. C’est un espace saint qui exprime l’Alliance.  Et, la liturgie fait passer de l’espace saint d’une localisation purement matérielle (le bâtiment) à une localisation symbolique (le cœur de l’homme) capable de produire foi, espérance et charité. 

- c’est un lieu marqué : lieu du baptême, de la Parole et de l’Eucharistie, lieu de la célébration du mystère pascal du Christ. Tout ça demande un art de célébrer. 

3.2 Le lieu de l’assemblée

L’espace est-il accueillant ? Comment l’assemblée s’y habite, y prend place ?

L’église est signe d’Église car elle est le lieu d’Église : espace habité par l’assemblé, espace vivant !

« Il faut que le plan d’ensemble de l’édifice sacré soit conçu de manière à offrir l’image de l’assemblée qui s’y réunit, permettre la répartition harmonieuse de tous et favoriser le juste accomplissement de chaque fonction » (PGMR 257). C’est l’assemblée qui qualifie l’espace. 

 

3.3 Un espace vivant à habiter

Ce lieu doit favoriser les différents déplacements. La liturgie est d’abord une affaire de pieds. C’est une expérience à faire d’abord avec ses pieds.

Tous, nous devons chercher à mettre en valeur chaque lieu de l’église selon sa nature et sa fonction à partir de l’assemblée, faciliter l’utilisation de l’espace pour faire de nos liturgies une marche avec le Christ, permettre à nos lieux d’assemblée d’être signes vivants de l’Église du ressuscité.

 

4. Éléments de l’art de célébrer

- Bien participer….. (voir PGMR 62) ;

- Bien préparer et bien vivre la célébration de la Parole

- respecter les distances : distance et proximité ; mime ou mémorial

- préparer et soigner la célébration (PGMR 1) ;

- respecter les règles liturgiques : 

- donner de l’importance aux chants :

Le chant de l’assemblée retrouve progressivement sa place dans la liturgie après la guerre de 39-45. 

Le chantre aide l’assemblée à chanter…..

- veiller à la sobriété pour la décoration des lieux 

En guise de conclusion :

Célébrer avec art, c’est reconnaître que le premier acteur de la liturgie, c’est l’Esprit Saint. C’est Lui qui sanctifie…..qui de fait de nous un seul corps. Lorsque la liturgie se donne à voir et à toucher, c’est pour l’action de l’Esprit qu’elle le fait. Et l’art de célébrer est l’art de permettre, de favoriser, de susciter l’action de l’Esprit en chacun et en tous.

Mettre en œuvre une célébration avec art demande et nécessite une attention particulière aux quatre éléments essentiels de toute liturgie : les attitudes, les gestes et les déplacements ; le lieu que la liturgie nous donne d’habiter ; la musique et le chant ; les paroles, celles qui accompagnent certains gestes, mais aussi la Parole de Dieu et les prières des hommes.  

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