Grand Séminaire Notre-Dame/Section de philosophie. Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire B

Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire B

Dimanche 17 janvier 2021

Père Diesel PHAT

 

 

1. Chers frères, les lectures bibliques de ce 2e dimanche du temps ordinaire de l’année B nous parlent de la rencontre avec Dieu grâce à des intermédiaires. Dans la première lecture, le vieux prêtre Éli apprend au petit Samuel à écouter la voix de Dieu : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». C’est un appel à la disponibilité à l’égard de Dieu qui a des choses sérieuses à nous dire. Et Dieu appelle le petit Samuel par son nom. De même, le jour de notre baptême, Dieu nous a appelés par notre nom par l’intermédiaire de l’Église : « Quel nom avez-vous choisi pour votre enfant ? » demande le célébrant aux parents de l’enfant à être baptisé. Le Seigneur s’adresse à des personnes qu’il connaît et aime d’un amour particulier, unique. Chacun est unique et a du prix à ses yeux. 

 

2. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Voilà une parole de grande intensité qui doit nourrir notre prière quotidienne quand nous entrons ici dans cette chapelle, quand nous ouvrons le livre de la Parole de Dieu en faisant la Lectio Divina, quand nous ouvrons le livre de la Liturgie des Heures, quand nous faisons l’adoration eucharistique etc. Le Seigneur est là, bien présent, et c’est lui qui nous accueille. Là, dans le silence, nous accueillons sa grâce et sa paix. Le silence est une vraie prière, un temps d’écoute qui fait prendre de la hauteur. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». C’est dans le silence que vient tout vrai discernement de la présence de Dieu en nous. C’est une posture importante pour discerner la voix du Seigneur qui nous appelle à le suivre en nous conformant véritablement à sa croix. Pour devenir disciple, il faut savoir écouter. La vie dans le Christ est une vie dans l’Esprit, une vie d’écoute. Pour cela, nous avons tous besoin d’un lieu favorable au recueillement car Dieu fait son adresse dans le silence du cœur. Ainsi, le lieu primordial du recueillement est notre cœur qui doit être ouvert à la présence de Dieu. 

 

3. Pour entendre la Parole que Dieu nous adresse, il faut d’abord faire silence et écouter. C’est bien ce message que saint Paul nous donne dans la deuxième lecture quand il dénonce les scandales et les abus qui existent dans la communauté chrétienne de Corinthe : la débauche, les divisions ou les rivalités. Toutes ces choses-là nous déshonorent et nous empêchent d’écouter Dieu qui nous parle de la joie de son Royaume, de la joie d’être des chrétiens authentiques qui s’attachent au Christ. La vie chrétienne ne colle pas avec la débauche (porneia= pornographie ; la vie sexuelle de manière déréglée). Même si certains prétendent que la sexualité est un besoin naturel au même titre que la nourriture pour le corps, le chrétien va au-delà de cette vision en cherchant à être cohérent avec son baptême. Il y a une logique de la vie chrétienne qu’il faut suivre. L’expression « tout est permis » que certains exploitent pour justifier leur vie de débauche ne va pas sans celle-là : « tout ne me convient pas ». Il y a des comportements indignes d’un disciple du Christ, d’un chrétien. Le chrétien doit respecter son corps et celui des autres. Notre corps est le sanctuaire de l’Esprit Saint. Nous ne cessons de le demander à chaque eucharistie : « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire ». Et saint Paul nous exhorte à rendre gloire à Dieu dans notre corps. 

 

4. Pour nous qui avons entendu l’appel du Seigneur et qui l’avons accueilli dans notre vie, la débauche n’est pas acceptable. Notre rencontre avec lui doit être le point de départ d’une vie entièrement renouvelée, transformée par sa Parole libératrice et performatrice. Nous sommes pécheurs, certes, mais si nous ouvrons notre cœur à sa Parole, nous deviendrons des illuminés dans et par l’Esprit qui sanctifie toute chose. Même si nous sommes soumis à toutes sortes de tentations, le Seigneur continue à nous appeler et à nous inviter à demeurer avec lui. C’est à cela que nous invite l’Évangile. Cela nous demande de nous convertir, de faire un déplacement dans notre vie. C’est bien le sens du verbe « venir » employé dans cet évangile. Et aussi, après s’être converti, il faut demeurer dans son amour, tout apprendre de lui. D’où le sens du verbe « voir » que nous trouvons dans l’évangile. Le disciple doit se convertir et être à l’école de son Maître qui est le Christ, l’Agneau pascal. En le suivant, nous devons nous laisser questionner par lui : « Que cherchez-vous ? ». Que cherchez-vous, vous qui êtes venus participer à cette Eucharistie ? Que cherchez-vous tout au long de vos journées et de vos semaines ici au Séminaire?

 

5. Entendre toutes ces questions est une bonne chose pour chacun de nous. Car parfois, nous ne savons pas bien où nous en sommes, nous ne savons pas discerner la présence du Seigneur. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour mettre sur notre route les personnes qu’il faut pour nous aider à le rencontrer, à discerner sa présence. Et cela demande un lâcher prise pour accepter la main tendue, pour accepter de se faire accompagner pour devenir disciple comme le petit Samuel et les deux disciples de Jean-Baptiste. L’Évangile de ce dimanche vient éveiller en nous le désir de savoir où demeure Jésus en vue de rester avec lui. Toute vie chrétienne authentique suppose ce désir ardent et continuel de demeurer près de lui : « Maître, où demeures-tu ? ». Tous, nous voulons faire une expérience profonde avec lui pour découvrir notre propre identité et donner sens à notre vie. Nous cherchons à demeurer avec lui pour trouver la vie en plénitude : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » dit-il (Jn 10, 10). 

6. Demeurer avec le Christ, c’est se nourrir de son corps eucharistique : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui » (Jn 6, 56). L’Eucharistie est le lieu privilégié pour demeurer avec le Christ. Ayons vraiment le goût pour l’Eucharistie, participons-y avec piété et dignité. Célébration du mystère pascal du Christ, elle est la source et le sommet de notre vie chrétienne. C’est d’elle et en elle que nous puisons, de manière éminente, la force pour apprendre à voir et à discerner l’appel que le Seigneur nous adresse. Comme l’a si bien dit saint Augustin, « bâtissons, nous aussi, dans notre cœur une maison où il puisse venir et nous enseigner et s’entretenir avec nous ». 

7. « Seigneur notre Dieu, ton Fils a interpellé ceux qui le suivaient sans le connaître vraiment. Comme eux, nous sommes à la recherche du Christ, le Messie, et, souvent, nous ne savons où le trouver. Fais-nous voir aujourd’hui le lieu de sa demeure et rends-nous prompts à le suivre ». 

 

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