Les fêtes patronales, un lieu d’annonce du mystère pascal en sa totalité

Les  fêtes patronales, un lieu d’annonce du mystère  pascal en sa totalité

La première démarche consistera à mieux comprendre le mystère pascal à partir de la présentation d’un article d’Aimon-Marie Roguet dans lequel il analyse le concept. Cette présentation nous servira de porte d’entrée pour la suite de notre recherche. La seconde démarche nous amènera à montrer les apports du versant « résurrection » du mystère pascal au peuple haïtien et aux fêtes patronales. 
Cela nous permettra de mettre en évidence les fêtes patronales comme un lieu pour annoncer le mystère pascal du Christ dans sa totalité, un lieu pour vivre la foi pascale. Pour cela, nous nous appuierons sur quelques textes magistériels déjà étudiés, sur l’Écriture et les recherches de plusieurs théologiens, en particulier ceux qui ont travaillé la question du mystère pascal et du culte des saints dans la vie liturgique de l’Église[1].


1. Qu’est ce que le mystère pascal ?

La conception de Aimon-Marie Roguet
Aimon-Marie Roguet, en 1961, fît une synthèse de la manière dont on comprenait l’expression « mystère pascal » redécouverte récemment, et ce qu’elle apportait à la compréhension du salut et sa célébration dans la liturgie lors des sessions du Centre Pastoral Liturgique (C.P.L) tenues à Vanves-Versailles[2]. Il a montré que la notion de « mystère pascal »[3] a évolué avec des emplois différents. Le Missel (avant 1951) employait les expressions sacramentum paschale, sacramenta paschalia pour dire les sacrements célébrés à Pâques et qui procurent la grâce de Pâques. Le Missel utilisait aussi une deuxième catégorie de textes dans lesquels le mystère pascal, bien que de manière délimitée, semble désigner les grands sacrements de la Pâque, mais dans un complexe liturgique qui correspond davantage à ce que nous entendons par mystère pascal[4]. Enfin, une dernière catégorie était celle de  paschalia mysteria qui serait la Pâque du Christ distincte de la Pâque des baptisés. Le mystère pascal n’a pas été une expression nouvelle. Il a connu différents modes d’utilisation et de compréhension dans son emploi liturgique. Selon Aimon-Marie Roguet, ce que nous appelons le mystère pascal aujourd’hui, correspond à ce que l’on appelait le dogme de la rédemption dans la théologie classique. Il montre aussi comment rédemption et mystère pascal coïncident avec un même point de départ : l’humanité dans son état de péché et de mort, un même point d’arrivée : l’humanité rendue à la vie et à la sainteté[5]. Mais en même temps, il fait remarquer la différence des mots. Pour lui, « rédemption » est un mot abstrait tandis que « mystère pascal » fait référence non seulement à un événement, mais aussi à un rite, à une fête. Le terme de « mystère pascal », note-il, parle à notre mémoire, à notre imagination et nous met en activité. La rédemption renvoie à quelque chose de systématiquement intellectuel, juridique et même commercial : il y a l’idée d’affranchissement d’un esclave, de rachat, de rançon, de paiement d’une dette etc. Or, la Pâque, souligne Aimon-Marie Roguet, « évoque à la fois le passage du Seigneur dans son peuple pour le sauver, et le passage de ce peuple, qui va de l’esclavage et de l’idolâtrie au Royaume de Dieu »[6]. La Pâque du Christ est complète, effective et achevée tandis que celle des chrétiens est en croissance, inaccomplie. 
Par son unité dynamique, il ne permet pas de créer une dualité entre la mort et la vie, entre la passion et la résurrection. Le mystère pascal, écrit Aimon-Marie Roguet,  c’est le mystère de la rédemption vu sous tous ses aspects, avec tous ses enracinements et tous ses prolongements, toutes ses résonnances, bibliques, liturgiques, morales et mystiques[7]. Alors que retenons-nous d’essentiel pour notre recherche ?
Il schématise le mystère pascal en trois articles inséparables que nous tenons à reprendre. Dans le premier article, il montre que c’est la mort qui est en situation. Cette mort, elle est vaincue par le Christ qui a donné sa vie librement pour notre propre salut. Autrement dit, c’est dans la mort du Christ comme sacrifice volontairement offert que nous sommes libérés de la mort. La mort du Christ comme don de sa vie de manière consciente et libre ne peut pas être dissociée de sa résurrection. La résurrection est la preuve de la liberté du Christ dans sa mort[8].
Le deuxième article porte sur la vie qui jaillit de la mort. Dans le Christ, la vie en plénitude se réalise dans sa mort[9]. La mort de Jésus n’est pas une utopie. C’est une mort réelle, mais dans cette mort réelle, la vie est engendrée. C’est la vie totale, la vie en plénitude. Le Christ ne connaîtra plus la mort. Il est le Vivant à jamais. Si la résurrection est le terme et la fin du mystère pascal comme l’a fait remarquer Aimon-Marie Roguet, c’est parce que, ressuscité, la mort n’a aucun pouvoir sur le Christ, « il vit à jamais d’une vie nouvelle, d’une vie divine, il est assis dans la gloire à la droite de Dieu »[10]. Enfin, dans le troisième article, le passage de la mort à la vie est abordé comme l’œuvre de Dieu. Pour Aimon-Marie Roguet, ce passage de la mort à la vie « est un mystère qui dépasse toutes les prévisions humaines, dans lequel se déverse la miséricorde gratuite et incompréhensible du Créateur »[11]. Dans cet acte libre de Dieu, la vie de l’homme est transformée, elle devient une vie pascalisée, orientée vers le Christ dans sa gloire. 
C’est à partir de cette compréhension léguée par Aimon-Marie Roguet, que nous chercherons à montrer ce que pourrait apporter le versant « résurrection » du mystère pascal au peuple haïtien et aux fêtes patronales.

2. Les apports du versant « résurrection » du mystère pascal 
        au peuple haïtien et aux fêtes patronales

Avant même de voir ce que le versant « résurrection » du mystère pascal pourrait apporter au peuple haïtien et aux fêtes patronales, il est bon de clarifier la notion de « résurrection ». Nous l’avons vu, avec Amon-Marie Roguet dans son article « Qu’est-ce que le mystère pascal ? ». La résurrection est un acte irréversible que Dieu a accompli dans l’histoire. Il a rendu à la vie son Fils mort sur la Croix. Le Christ a le pouvoir sur la mort et sur la vie. Il est capable d’engendrer la vie même dans la mort. Ainsi, la résurrection transcende l’histoire et lui donne tout son sens. La résurrection, écrit Olivier Clément, n’est pas la réanimation d’un cadavre dans les conditions de « ce monde » mais le bouleversement de ces conditions, la transformation universelle commencée dans une humanité devenue l’humanité de Dieu[12]. La résurrection devient notre condition de vie. Nous ne sommes pas des êtres pour la mort, mais des êtres pour la vie. La résurrection change tout. Notre condition de vie est déjà une résurrection. Tout comme la mort n’a plus aucun pouvoir sur le Christ, de même pour tous ceux qui sont incorporés à Lui, sur eux non plus, la mort n’a aucune emprise. De même que le Christ, par sa résurrection, vit à jamais d’une vie nouvelle et est assis dans la gloire à droite de Dieu, de même aussi, ceux qui sont plongés avec Lui dans sa mort et sa résurrection, sont appelés à vivre à jamais d’une vie nouvelle et à entrer dans cette gloire[13]. Finalement, notre réflexion sur la résurrection nous porte à dire que célébrer le mystère pascal signifie que la mort n’a aucune mainmise sur ceux qui ont suivi le Christ dans sa Pâque, dans sa mort et sa résurrection. Et cela nous pousse à affirmer que ressusciter, c’est vivre selon l’Esprit. La présence de l’Esprit est un bénéfice de la mort et la résurrection du Christ. Michel Deneken, le dit autrement en affirmant que « Pâques constitue également l’événement du don de l’Esprit »[14]. Ainsi, le versant « résurrection » du mystère pascal retrouve chaque être humain, chaque peuple, dans la condition qui est la sienne pour entrer dans une vie nouvelle. En ce sens, nous affirmons avec Armand Puig i Tàrrech que « la résurrection n’est pas seulement la survie de la personne, mais sa transformation, la récupération pleine de son humanité dans un monde nouveau »[15]. Ressusciter c’est se laisser transformer par le Christ dans son Esprit. Là où est le Christ pascal, là est la vie et non la mort. Mais il faut le reconnaître, il faut accepter de prendre son itinéraire. Dans tout cela, c’est la mort qui est en situation, c’est la vie qui jaillit de cette mort et c’est vraiment l’œuvre de Dieu[16].

2.1 Les apports du versant « résurrection » du mystère pascal au peuple haïtien 

Comment cette œuvre de Dieu est-elle vécue et accueillie dans la vie du peuple haïtien ? On est souvent stupéfait devant l’attitude, le comportement du peuple haïtien face à la souffrance, la maladie, la mort, tous les maux qui l’assaillent. Il se montre toujours capable de transcender son histoire avec ses joies et ses déboires. Il est un peuple qui croit toujours en l’amour de Dieu, il répète sans cesse que « Dieu est bon ». Et en toute chose, il le témoigne. Il chante la vie en tout et partout. Sa manière de dire Dieu n’est jamais monolithique. Dans la liturgie, il chante, il danse et il prie. Sa foi en Dieu est spontanée et il la confesse de manière simple et avec ténacité. Pour lui, Dieu est le Dieu des pauvres, des marginalisés, des malheureux. 
Le peuple haïtien se reconnaît dans le visage du Christ crucifié. Il manifeste un grand intérêt pour les exercices de chemin de croix surtout pour ceux du Vendredi Saint[17]. Il aime bien les rassemblements charismatiques dans lesquels il exprime librement ses souffrances. Il a un amour particulier pour les fêtes patronales comme un lieu favorable pour vivre ses pratiques de piété populaire et exprimer sa foi de manière libre et spontanée. Il aime à exprimer sa misère à travers les chants profanes ou liturgiques sans négliger d’exprimer sa grande espérance. L’espérance semble être une valeur partagée par tous, chrétiens ou non chrétiens. Le sens de l’espérance, de la vie, de la dignité, de la patience ne lui manque pas. Ce sont des signes d’une grande maturité spirituelle, humaine et culturelle. Mais il semble qu’il faut aller plus loin, continuer à l’aider à mieux surmonter les drames récurrents et la précarité de la vie qui pourraient le faire basculer dans la fatalité, une piété mièvre, la mauvaise compréhension ou interprétation de l’acte salvifique du Christ, une mauvaise manière aussi de comprendre et de vivre la condition de la vie baptismale. Bref, une mauvaise manière de vivre et de proclamer la foi. Pour cela, en suivant les bases théologiques du mystère pascal posées par Aimon-Marie Roguet, il me semble qu’il faut partir davantage du versant « résurrection » pour mieux aider le peuple haïtien à vivre la foi, mais la foi en Christ mort et ressuscité qui a envoyé son Esprit et qui continue d’agir dans son Corps qui est l’Église jusqu’à son retour.  La foi pascale englobe tout cela. La foi en Christ ne peut pas être fixée uniquement sur l’aspect de sa mort sans lien avec sa résurrection. C’est peut-être là le défi de la foi en Haïti. Il serait bon de développer une réelle prédication du mystère pascal, une vraie catéchèse unifiée autour du mystère pascal. 
Dans le discours théologique en Haïti, on n’insiste pas assez me semble-t-il sur cet aspect[18]. Micial Nérestant parlant de la foi, disait : « la foi véritable est vécue comme une fête, une rencontre, une relation »[19]. Cette foi, on l’entend bien, mais elle doit être la foi confessée en Jésus-Christ mort et ressuscité. Ce que la foi véritable nous permet de fêter, de rencontrer, d’être en relation avec, c’est le Christ pascal. Les apparitions de Jésus après sa résurrection nous le montrent avec acuité[20]. La foi professée n’est pas stable en Haïti. On peut constater cela dans le domaine des exercices spirituels, des croisades, des journées de jeûnes ou de prières organisés par les mouvements évangéliques. Certains catholiques haïtiens vivent une double appartenance religieuse, et cela crée un déplacement au niveau de la foi. Alors d’où vient ce problème et comment faire ? 
Il me semble que cela vient d’abord du fait que la foi chrétienne en Haïti repose davantage sur une formulation conceptuelle que sur une relecture de l’expérience pascale dans la vie humaine. L’aspect de souffrance, de rachat, de libération est beaucoup plus mis en évidence dans les homélies, la catéchèse, la prière, la piété populaire. Ensuite, cela vient aussi d’une forte instrumentalisation de la foi et surtout celle des faibles, des vulnérables ; une recherche de solutions magiques face aux difficultés économiques, sociales, familiales, culturelles, éducatives et affectives qui fabriquent parfois un Dieu magicien, faiseur de miracles. Cela apparaît aussi même dans la façon dont on vit et célèbre les fêtes patronales. 
Face à ce problème, il est important d’insister beaucoup plus sur la vie, la grâce, l’amour, la responsabilité, la vie éthique ou morale, l’espérance, la miséricorde, le pardon qui ont un caractère pascal que sur le mal, le péché, la faute, les exhortations moralisantes et narcissiques. Pour retrouver le sens du mystère pascal dans la vie de foi du peuple haïtien, le versant « résurrection » est un aspect important à privilégier dans la théologie en Haïti. Une mauvaise compréhension de la rédemption peut conduire le peuple chrétien à se résigner devant les réalités auxquelles il doit intervenir et montrer la vigueur de sa foi pascale. Une foi dynamique qui transcende les apories de la condition humaine et qui oriente vers l’eschatologie et l’éthique baptismale. 
Résumons : 
1) La rédemption comprise comme acte de rachat, juridique, commercial n’est pas tout à fait appropriée pour éduquer les fidèles à la foi pascale. Il faut l’associer au terme de « résurrection » ou de « mystère pascal » qui crée la cohérence du discours théologique pour aider le peuple chrétien à ne pas sombrer dans la fatalité et dans une vie chrétienne irrationnelle, idéaliste et sans issue. 
2) La notion de mystère pascal est un terme positif qui exprime l’action salvifique de Dieu pour et au milieu de son peuple. Le mystère pascal, souligne Aimon-Marie Roguet, « est une intervention libre et personnelle de Dieu dans l’histoire. Et c’est pourquoi aucune théorie, aucune théologie n’en rendra compte exhaustivement. Il demeure un mystère, librement accompli et librement révélé par Dieu »[21]. Le mystère pascal doit être reçu comme un don de Dieu avant d’être compris sous l’angle réflexif, c’est-à-dire en faire un objet d’étude. Il est d’abord de l’ordre de la rencontre avec l’Altérité de Dieu qui transcende l’histoire humaine. Le mystère pascal est de l’ordre de la relation. 
Partir du mystère pascal peut permettre au peuple haïtien de vivre une foi plus dynamique, engagée, réelle, constante et combative. C’est avec cette force qu’il peut lutter contre les forces du mal et croire que son aujourd’hui, est un moment de l’histoire du salut. Dieu marche avec lui et dans toutes les situations précaires ou vulnérables de sa vie, de son histoire et même de son environnement écologique fragilisé, il passe de la mort à la vie. Tout cela le conduira à lutter vraiment pour la vie, la vie qui jaillit de la mort du Christ et de sa propre mort. Ainsi, me semble-t-il, le peuple haïtien peut comprendre le sens de la résurrection. En toute chose, dans toutes les épreuves, le chrétien doit savoir que par la mort et la résurrection de Jésus, la vie a vaincu la mort. À ce moment aussi, le peuple haïtien peut accueillir et vivre le mystère pascal dans tous les aspects de sa vie. Il comprendra que le message de Pâques est toujours actuel et « retentit aujourd’hui avec une force renouvelée »[22]. Renouvelée parce que la Pâque du Christ et la Pâque des chrétiens sont inséparables. Le Christ continue de ressusciter dans la vie des membres de son Corps qui est l’Église. Le versant « résurrection » du mystère pascal vient dire au peuple haïtien qu’il n’est pas un peuple à genoux, toujours accablé, mais il est un peuple debout. En toute chose, il est appelé à reconnaître que « Dieu s’incarne, souffre, meurt, descend en enfer, pour écraser la mort et l’enfer et faire de nous des vivants »[23]. C’est pourquoi, la résurrection du Christ est notre propre réalité, c’est notre propre destinée. Ainsi, le versant « résurrection » du mystère pascal est une source d’espérance pour le peuple haïtien. Les souffrances, les drames récurrents et la précarité de la vie qui le tenaillent, s’il les aborde avec ce regard pascal, « vont s’identifier aux souffrances et à l’agonie du Christ et déboucher dans une vie plus forte que la mort »[24]. C’est pourquoi, l’Église en Haïti, dans le cadre de la nouvelle évangélisation, doit annoncer davantage la joie du mystère pascal du Christ. Dans les conditionnements de sa vie, le peuple peut faire son passage et continuer de laisser briller en lui la lumière de l’espérance. Chaque jour, il doit faire le passage de la mort à la vie avec le Christ qui lui est solidaire et prendre conscience aussi que le Christ passe avec lui par la mort. Le peuple haïtien doit de jour en jour, d’expérience en expérience, de catastrophes en catastrophes, de joie en joie, découvrir que la résurrection du Christ lui apporte quelque chose vraiment et que s’il vit, c’est le Christ qui vit en lui.

2.2 Les apports du versant « résurrection » du mystère pascal aux fêtes patronales 

Les fêtes patronales, dans leurs expressions populaires, liturgiques, communautaires ou ecclésiales, sont des lieux de la célébration de la foi. Mais de quelle foi s’agit-il ? Est-ce la foi pascale ? Car on observe une difficulté à harmoniser l’ensemble de la liturgie des fête patronales avec le mystère pascal : la notion de mystère pascal paraît pour certains une notion vague et distante qu’ils ne comprennent pas pour les mêmes raisons que nous avons évoquées ci-dessus. Cette notion n’a pas encore trouvé toute sa place dans la foi chrétienne en Haïti. Cela est lié à la vie même du peuple. Il se reconnaît mieux dans la Passion et la souffrance du Christ que dans la totalité de son mystère pascal puisqu’il est un peuple qui souffre toujours. Le peuple haïtien est encore un peuple du « Vendredi Saint » sans y associer le « Dimanche de Pâques ». En effet, centrer les fêtes patronales sur le  mystère pascal est un grand défi pour l’Église. Il est toujours difficile de faire apparaître l’ampleur de la Résurrection et son caractère eschatologique dans la vie des chrétiens. Alors, dans ce contexte, qu’est-ce que le versant « résurrection » du mystère pascal peut apporter aux fêtes patronales ? 
Pour tenter de répondre à notre question, nous reprenons à notre compte la réflexion théologique de Aimon-Marie Roguet que nous avons déjà présentée tout au début de cette contribution. Elle sera complétée par l’approche d’autres théologiens.
Dans son article, Aimon-Marie Roguet revient sur une réalité fondamentale qui semblait être difficile à son époque et qui l’est aussi pour la célébration des fêtes patronales : comment prêcher le mystère pascal. Il souligne que « la qualité d’une catéchèse pascale c’est d’être concrète »[25]. Qu’entend-on par ce terme ? Il me semble qu’on doit prêcher le mystère pascal de manière graduelle, c’est-à-dire prendre le temps de cheminer avec le peuple dans son histoire, dans sa culture, dans tout ce qui constitue la trame de sa vie, de sa foi, de sa pratique religieuse qu’il exprime dans les fêtes patronales (pas là seulement) pour l’aider à s’approprier la résurrection du Christ et l’assigner à sa propre vie, à sa propre réalité. Cela demande de le conduire sur le chemin de l’intelligence de la foi pascale, c’est-à-dire l’aider à accueillir l’Esprit du Christ ressuscité afin d’avancer avec lui dans sa Pâque. Ainsi, la figure du saint Patron est un écho de la résurrection. Le saint c’est celui qui est passé de la mort à la vie de manière définitive, complète avec le Christ. Sa Pâque est achevée. Le mystère pascal du Christ s’accomplit définitivement dans la vie des saints. Ils ont donc mené le combat de la foi pascale, le combat contre le mal et le péché pour que la vie jaillisse. Ils ont accueilli dans leur vie blessée les bénéfices du mystère pascal du Christ, c’est-à-dire la vie divine, la glorification. Autrement dit, même dans leurs épreuves, ils ont expérimenté « la vitalité du Christ vainqueur de la mort », comme le dit la collecte du deuxième mardi de Pâques. C’est cela que les fêtes patronales nous proposent. C’est cela qu’elles nous font célébrer en particulier dans l’Eucharistie de la patronale. C’est à cette condition que l’on peut considérer les fêtes patronales comme un lieu d’annonce du mystère pascal du Christ. Car « la résurrection n’est pas seulement un argument qui conduit à la foi et par elle à la justice : action de sanctifiante puissance, elle produit la foi dans laquelle l’homme est justifié »[26]. La résurrection du Christ est une puissance qui ne s’impose pas mais qui s’offre et transforme celui qui l’accueille puisque c’est par la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité qu’on est justifié, qu’on est sauvé. C’est pourquoi, le cœur de toute prédication est le mystère pascal. Les apôtres n’ont pas fait autre chose que de prêcher le Christ mort et ressuscité[27]. Cette prédication a touché le cœur de leurs auditeurs et a suscité beaucoup de conversion et la demande baptismale (Ac 2, 37-41). C’est par la mort et la résurrection de Jésus que Dieu a montré son impartialité : il veut le salut de toute l’humanité (Ac 10, 34-43). 
Le versant « résurrection » du mystère pascal devient le principe unifiant des fêtes patronales[28]. Le mystère pascal met de l’ordre dans la célébration des fêtes patronales puisqu’il « est en même temps au centre de notre foi et au carrefour du dogme et de la piété, du mystère et de la pratique »[29]. Il permet d’apprécier ou de corriger les formes d’expressions de la foi populaire que contiennent les fêtes patronales. Il permet aux fêtes patronales de ne pas être des foyers de confusion pour la croissance de la foi pascale des fidèles et de distinguer ce qui peut être considéré comme des assises pour la foi du peuple de Dieu et ce qui ne l’est pas. Un autre aspect important qui touche la célébration des fêtes patronales et que le versant « résurrection » du mystère pascal lui apporte, est l’unité. L’unité entre la foi populaire et la foi de l’Église, l’unité entre liturgie et piété populaire, l’unité entre la vie sociale du peuple et la réalité concrète de l’Évangile. Le travail réflexif que nous propose Aimon-Marie Roguet peut nous aider à mieux étayer notre hypothèse, il dit : 

En prêchant le mystère pascal, nous réalisons l’unité. Car nous prêchons le dogme central du christianisme ; nous le prêchons sans le mutiler puisque le mystère pascal implique nécessairement le problème du mal, le dogme du péché originel, et ne voit la vie nouvelle que comme le fruit d’un combat ; nous prêchons la croix glorieuse, mais la croix ; nous prêchons les fondements solides d’une morale à la fois exigeante et enthousiasmante[30].

Le mystère pascal n’est pas de l’ordre d’un concept abstrait mais de l’ordre d’une transformation, d’une intervention salvifique de Dieu dans l’histoire. Donc, il ne faut pas opposer les fêtes patronales au mystère pascal. En tant que baptisés, la vie des chrétiens est un chemin pascal : les saints en sont les premiers modèles. Les fêtes patronales, dans leur aspect liturgique, social, culturel et anthropologique, doivent montrer que le Christ, dans son mystère pascal est le libérateur de l’homme et rien de ce que l’homme vit dans sa chair ne lui est étranger. Le mystère pascal est la condition du Fils de Dieu et de celle de l’homme. Dans le cadre des fêtes patronales, le versant « résurrection » de ce mystère pascal nous fait voir que c’est la Croix du Christ qui montre la fécondité de la vie des saints et justifie leur témoignage. Mais aussi, c’est à cause de sa résurrection que le Christ devient signe d’espérance pour chacun de nous. Les fêtes patronales deviennent des lieux privilégiés où l’on doit toujours chercher à relier le Christ crucifié au Christ ressuscité et à l’actualiser par la médiation des rites liturgiques et les sacrements (en particulier l’Eucharistie) qui ponctuent la célébration de ces fêtes. Car la foi pascale repose sur l’action de Dieu. Comme le dit Michel Deneken, croire que Dieu a ressuscité Jésus, c’est croire que Dieu a agi[31]. Et on peut dire qu’annoncer la foi pascale, c’est annoncer « que l’action de Dieu a relevé Jésus d’entre les morts »[32]. C’est croire que l’action de Dieu relève l’homme aujourd’hui. 
Puisque le mystère pascal imprègne toute la vie du chrétien, il est donc un mystère à célébrer. Car c’est dans la liturgie que ce mystère devient d’abord une source de foi afin de rejaillir dans la réalité concrète de la vie du chrétien. C’est à partir de ce point de vue que nous continuerons à montrer comment les fêtes patronales font célébrer le mystère pascal à travers d’autres aspects théologiques, liturgiques et ecclésiologiques qui vont suivre et qui nous permettront de mieux comprendre ces fêtes comme lieu pour vivre la foi pascale. 

2.2.1 Célébrer le mystère pascal du Christ
Le mystère pascal est le pivot de la liturgie. C’est le mystère pascal qui rend la liturgie, sommet et source de la vie de l’Église : « Tout le culte chrétien n’est qu’une célébration continue de la Pâque »[33]. C’est pourquoi, aucune autre célébration ne peut prévaloir sur la liturgie. C’est par elle que le peuple chrétien se nourrit des mystères du Christ. Elle est le lieu du déploiement des mystères de la Pâque du Christ pour la vie nouvelle des baptisés. Notre foi liturgique est une foi pascale puisque c’est par la liturgie que nous affirmons pleinement que « la résurrection de Jésus est au centre de notre foi chrétienne »[34]. Nous devons regarder la célébration des fêtes patronales du côté de cette source si nous voulons la considérer comme un acte liturgique, un lieu d’annonce du mystère pascal dans sa totalité. 
La sainteté n’est pas la grâce du saint, mais la grâce du Christ mort, ressuscité et glorifié pour nous. Parlant de la fête de saint Joseph, le Cardinal Chibly Langlois souligne : 

Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi en la grâce que Dieu a accordée aux saints est sans fondement. C’est à cause de la résurrection du Christ que nous croyons que tous ceux et toutes celles qui ont fait la volonté de Dieu, sont maintenant avec Lui dans le Ciel[35].  

Célébrer les fêtes patronales nous fait découvrir que les saints sont « déjà passés de ce monde au Père, en suivant le Christ dans sa Pâque »[36]. On peut dire que célébrer les fêtes patronales, « c’est donc célébrer la Pâque de Jésus Christ qui a pénétré la vie des croyants et y a porté des fruits de sainteté à la gloire de Dieu. []. La vénération portée aux saints devient un culte rendu au Christ vivant en eux et répandant en eux la richesse de sa grâce »[37]. C’est alors qu’on peut comprendre que cette célébration est un lieu pour la foi pascale. Car notre foi chrétienne est fondée sur le mystère pascal. C’est le mystère pascal célébré en ce jour à travers la liturgie de l’Eucharistie qui valorise la fête patronale et lui donne son sens ultime.
Les fêtes patronales dépendent du « centre pascal » dont parle Patrick Prétot[38]. Et c’est ce mystère qui doit leur donner consistance et les réguler puisque « la vie chrétienne est marquée par le ²déjà lಠet le ²pas encore² qui caractérise l’événement de salut pascal et sa célébration dans la liturgie »[39]. Sans cette épaisseur pascale et cette régulation, les autres aspects des fêtes patronales n’ont pas de fondement et ne peuvent pas être des ressources pour la foi. 
Dans le premier chapitre, nous avons dit qu’une fête patronale qui ne soigne pas l’Eucharistie de la fête manque l’essentiel de son contenu. C’est l’Eucharistie qui est l’acte ultime de la communauté paroissiale célébrant son saint Patron. C’est la véritable piété des fidèles vénérant le saint Patron et reconnaissant que le Seul Saint c’est Dieu. C’est lui qui donne la grâce à l’homme de participer à sa Sainteté. C’est bien le caractère pascal de notre avancée vers le Christ qui est décrit ici en filigrane. Le mystère pascal du Christ que l’Église célèbre nous permet déjà de goûter les fruits de cette perfection qui n’est pas un ensemble de règles morales à observer, mais une participation à la vie de Dieu. Sans cette dimension pascale, la fête patronale risque de basculer vers l’idolâtrie et faire du saint Patron une « star » et non un « témoin », un « modèle » pour la foi en Christ, mort et ressuscité. D’où l’importance de corriger les erreurs qui apparaissent parfois comme une atteinte grave à la foi. Nous avons déjà souligné certaines exagérations qui portent à mettre le saint au centre de la célébration. Nous pouvons voir par exemple dans certaines célébrations eucharistiques des fêtes patronales, des prières, des chants et des refrains de prières universelles qui sont directement adressés au saint Patron et non à Dieu ou au Christ. Des attitudes magiques qui sont parfois adoptées pour attirer la participation de beaucoup plus de fidèles etc. Le point de référence pour la foi et la vie de prière du peuple de Dieu se trouve dans la personne et l’œuvre du Christ, souligne le DPPL[40]. La célébration des fêtes patronales doit être centrée sur le Christ car « c’est par Lui que l’homme va vers le Père, que montent vers Dieu la louange et la supplication de l’Église et que descend sur l’humanité tout don divin »[41]. Les pèlerins doivent être orientés vers le Christ, le Médiateur unique et parfait comme le précise le DPPL. Ce n’est pas le saint Patron de la paroisse, malgré la vénération qui lui est due, qui est l’auteur de notre salut. Le seul qui donne la vie en plénitude par sa mort et sa résurrection, c’est le Christ. En Lui, pour reprendre le DPPL, nous avons le modèle d’une existence donc chaque moment reflète une attitude d’écoute de la Parole du Père et d’accueil de ses commandements[42]. Le modèle par excellence à imiter et à suivre, c’est le Christ. C’est à cause de Lui que les saints peuvent nous servir de modèles dans la foi. Le Christ par son obéissance au Père, nous apprend comment accomplir la volonté de Dieu. Néanmoins, par la célébration des fêtes patronales, l’Église continue de montrer au peuple chrétien que « Le Christ est donc le modèle parfait de la piété filiale et du dialogue continuel avec le Père, c’est-à-dire l’exemple parfait d’une recherche ininterrompue de la relation vivante, intime et confiante avec Dieu, qui illumine, soutient et guide l’homme durant toute son existence »[43]. Les fêtes patronales, dans leur célébration liturgique doivent toujours refléter ces aspects christologiques pour corriger les erreurs que nous avons déjà mentionnées. 
La célébration des fêtes patronales est une célébration du mystère pascal du Christ même si celle-ci est une célébration liturgique d’un moindre degré que le dimanche chrétien comme « ²jour de fête primordial² parce qu’il est la mémoire pascale hebdomadaire de l’Église»[44]. De ce point de vue, il est important d’établir l’équilibre entre la fête du saint Patron de la paroisse et les fêtes qui célèbrent les mystères du salut. Cette fête ne fait que rappeler un aspect de ce grand mystère. Les fêtes patronales, dans leur dimension eucharistique, prolongent la Pâque du Christ dans la vie des fidèles afin de continuer leur propre Pâque. Soulignons deux choses importantes : d’une part, le mystère pascal permet d’établir l’équilibre entre la foi populaire et la foi de l’Église dans la célébration des fêtes patronales, et d’autre part, il permet de procéder à une hiérarchisation des pratiques. Par exemple, les pratiques de piété populaire qui sont indissociables de la fête ne sont pas au même degré que la célébration eucharistique du jour. C’est par le mystère pascal que les fêtes patronales deviennent une assise pour la foi des chrétiens. Il récuse toute déviation et toute instrumentalisation de la célébration. Centrer les fêtes patronales sur le mystère pascal, c’est les fonder sur « le dogme central du christianisme »[45]. Cela permet de donner le primat au Christ comme Sauveur et Seigneur, Vainqueur du mal et de la mort, toujours vivant et agissant dans son Corps qui est l’Église. Le mystère pascal nous renvoie à ce qui s’est passé il y a plus deux mille ans ; il nous renvoie à l’aujourd’hui parce que le Christ continue son œuvre de salut à travers la médiation de l’Église, et il nous renvoie à l’avenir car notre vie pascale ne sera totale et définitive qu’au retour glorieux du Christ. 
Dans les propos qui sont les nôtres, le mystère pascal nous permet d’envisager deux considérations majeures pour la célébration des fêtes patronales[46] : 
¾ la première est une considération liturgique ou communautaire. La célébration des fêtes patronales comme célébration du mystère pascal du Christ doit reposer sur son aspect sacramentel : l’Eucharistie. À travers elle, les fidèles qui participent à la célébration des fêtes patronales sont nourris de la Parole de Dieu et du pain eucharistique pour être pascalisés.
¾ la deuxième est une considération existentielle et personnelle. La fête patronale comme célébration du mystère pascal doit conduire les fidèles à mener une vie chrétienne authentique, à vivre leur vie selon l’Esprit. Ils sont appelés à faire leur « passage » tous les jours avec le Christ. C’est la Pâque quotidienne des chrétiens. 
La liturgie, dans le cadre des fêtes patronales, évite d’opposer ces deux considérations : « Il existe donc un mystère pascal qui se célèbre dans la liturgie et un mystère pascal qui se réalise dans la vie. Ces deux mystères sont inséparables : la Pâque de la liturgie doit alimenter la Pâque de la vie, et celle-ci doit authentifier la Pâque de la liturgie »[47]. C’est en cela que la célébration des fêtes patronales peut devenir un lieu pour l’annonce du mystère pascal, un lieu où l’on vit la foi pascale, un lieu où l’Église permet de faire « une véritable rencontre communautaire avec le Seigneur ressuscité »[48]. Les fidèles peuvent dire en participant à la fête patronale que le Christ est vraiment ressuscité, qu’il s’est manifesté à nous. Car le mystère pascal n’est pas un rêve ou une utopie, il est une réalité concrète de la vie de chaque baptisé. 

2.2.2 Mettre en exergue la communauté paroissiale comme communauté célébrante
La liturgie des fêtes patronales influence la paroisse en tant que communauté ecclésiale locale, communauté célébrante. Car « toute célébration liturgique est d’abord et avant tout le temps où le peuple de Dieu, peuple de saints parce que baptisés, se tourne vers le Dieu trois fois saint »[49]. Comme célébration liturgique, les fêtes patronales sont une action de l’Église. SC 26 souligne que « les actions liturgiques appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et elles l’affectent ». Les fêtes patronales ne sont pas un simple rassemblement sociologique. Elles sont d’abord et avant tout des rassemblements ecclésiaux dans leur dimension liturgique. La solennité de saint Joseph, patron de la cathédrale et du diocèse de Fort-Liberté, présidée par l’évêque entouré de son presbyterium et de tous ses diocésains, est un bel exemple d’ecclésiologie des fêtes patronales, une ecclésiologie de communion. C’est l’Église comme Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit Saint qui se met en présence de son Dieu pour lui offrir le culte d’action de grâce pour ce qu’il a réalisé dans la vie de ses élus, les membres de l’Église, glorifiés par le Christ. Une Église qui annonce le mystère pascal du Christ dans sa totalité. Elle annonce que le Christ était mort, il est vivant, il est à la droite du Père et il reviendra dans sa gloire. Un déjà-là et un pas encore qui nourrit l’espérance chrétienne. 
Dans leur célébration, les fêtes patronales, comme toutes les autres célébrations liturgiques, reflètent la foi et la mission de l’Église. Célébrer les fêtes patronales (la fête des saints) met en évidence le rapport du Christ avec son Église, les saints étant des témoins privilégiés de cette relation. Les fêtes patronales montrent donc, comme toutes les autres célébrations liturgiques, mais de manière ponctuelle, l’Église peuple des baptisés, sauvés dans le sang et la résurrection du Christ, une Église en marche vers le monde à venir, vers le ciel où la communion sera totale et définitive. 
L’Église témoigne de son espérance de salut devant tous et elle dit à tous que la vie bienheureuse n’est pas une réalité lointaine : elle nous concerne aujourd’hui. Car « l’événement pascal et le kérygme qu’il suscite constitue à la fois le fondement de la foi chrétienne et sa concentration »[50]. Le contenu de la prédication est dans le mystère pascal puisque celui-ci est le sommet de l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ pour nous. En célébrant les fêtes patronales, l’Église rend grâce pour le don de la sainteté dont elle est bénéficiaire. L’Église est donc sanctifiée par le Christ pour communiquer la grâce de la sainteté à tous. Louis-Marie Chauvet parle de la médiation symbolique de l’Église dans le cadre de la structure de l’identité chrétienne : « Le passage à la foi requiert le consentement à l’Église, car c’est en elle que le Seigneur Jésus se donne à rencontrer »[51]. Il faut préciser que Louis-Marie Chauvet dit cela dans un régime sacramentaire. Mais nous pouvons l’appliquer pour la célébration des fêtes patronales comme célébration de la foi pascale. Le premier lieu de l’agir du Christ, c’est l’Église. 
Une autre considération est que « les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église qui est le ²sacrement  de l’unité² » (SC 26). La communauté chrétienne rassemblée pour célébrer la fête de son saint Patron est l’Église du Christ dans son unité : l’Église catholique, une, sainte et apostolique. L’Église dans son déploiement terrestre et céleste.
C’est pourquoi, les pasteurs et le peuple tout entier cherchent à mieux voir l’impact ecclésiologique de la célébration des fêtes patronales. La première motivation de la paroisse c’est d’abord un rassemblement concret des membres de la communauté chrétienne pour célébrer ce que le Christ réalise pour et avec ses élus. Et ce rassemblement n’est pas un « club ». Il est ouvert à tous. La paroisse qui célèbre la fête de son saint Patron manifeste à tous qu’elle est « la communauté de communautés »[52]. Elle rassemble et accueille les chrétiens, les hommes et les femmes de bonne volonté pour célébrer et vivre la foi en Jésus-Christ. C’est la liturgie qui fait que la célébration des fêtes patronales est une fête de la communauté ecclésiale et celle-ci devient aussi le lieu où le mystère pascal du Christ est annoncé de manière concrète. Cela nous renvoie à trois considérations majeures que nous voudrions retenir et approfondir : a) la paroisse est un lieu liturgique et une cellule vivante de l’Église au service de la foi pascale b) l’Église est manifestée comme mère et éducatrice de la foi c) la mise en évidence de la communion des saints. 

a) La paroisse comme lieu liturgique et cellule vivante de l’Église au service de la foi pascale
Les fêtes patronales permettent à la paroisse de faire ressortir son rôle particulier en tant que lieu de célébration et cellule vivante de l’Église au service de la foi, c’est-à-dire missionnaire. S’il est vrai que, selon Edouard Schweizer, la vie ou la mort d’une Église dépend de la disposition de ses membres à annoncer l’Évangile au monde[53], alors, la mission est inhérente à la vie de l’Église et toute occasion lui est une chance pour cette mission. Les fêtes patronales donnent une image plus parlante et plus vivante de l’Église comme communauté de foi aux fidèles et à tous ceux qui ne viennent qu’occasionnellement pour célébrer à leur manière afin de les orienter vers une liturgie commune, une seule et même célébration de la foi. 
Les fêtes patronales permettent à la paroisse d’exprimer plus clairement sa dimension ecclésiale et d’être plus concrètement « maison et école de communion » (DA 170). En célébrant les fêtes patronales, elle montre à tous que le « mystère pascal est véritablement le mystère catholique, celui qui répond aux besoins de tous les hommes, qui appartient à tous, et où tous se retrouvent unis »[54]. C’est le bon moment pour la paroisse de souligner cet aspect universel du mystère pascal qui ne concerne pas uniquement le Christ et l’Église son Corps mystique, mais toute l’humanité. Le mystère pascal n’est pas un mystère fermé, limité et conditionné pour les seuls initiés, les baptisés. Mais il doit être proclamé, proposé à tous. Les fêtes patronales sont l’un des plus grands moments où la paroisse reçoit tout le monde : croyants, non croyants, catholiques, protestants, vodouisants etc., et devient un lieu pour fréquenter Dieu, le rencontrer ; un lieu liturgique pour célébrer Dieu, expérimenter et annoncer la foi. Elle ne se contente pas d’accueillir ; elle est un lieu de transformation pour la foi, une communauté qui célèbre sa foi avec joie. Les participants aux fêtes patronales, quels qu’ils soient, peuvent découvrir quelque chose qui va beaucoup plus loin que les fastes solennels de la fête. Ils doivent trouver une communauté d’amour en prière, se réunissant pour la manducation de la Parole et de l’Eucharistie, qui les aide à faire l’expérience de la transcendance de Dieu et expérimenter véritablement l’universalité et l’unité du mystère pascal du Christ. Ils peuvent ne pas pouvoir le faire de manière explicite ou convaincante, car certains cherchent Dieu dans l’obscurité de leur vie ou de leur pratique ; c’est le rôle de l’Église de les orienter vers le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6), vers le Christ.
La célébration des fêtes patronales permet à la paroisse de dynamiser davantage son sens de l’accueil et du service pour la foi. Elle lui permet d’être davantage le lieu de rencontre entre le Christ et les hommes, une rencontre à la fois intime, personnelle, publique et communautaire[55]. Les fêtes patronales dans leur déploiement peuvent être des occasions propices pour la paroisse d’aider les fidèles pèlerins à entrer dans cette démarche. Les activités que réalise la paroisse pour célébrer les fêtes patronales sont faites dans une logique d’évangélisation, d’annonce du mystère pascal du Christ : on peut penser aux neuvaines préparatoires, aux triduums, aux activités de prières communément appelés « Jéricho, La mer rouge, Débloquer et les veilles de nuit etc. » Elle doit privilégier les actes liturgiques qui sont des lieux où l’on vit la foi : « Le meilleur lieu de la transmission de la foi est une communauté nourrie et transformée par la vie liturgique et par la prière. Il existe un rapport intrinsèque entre foi et liturgie ²lex orandi lex credendi² » (IL 97). Les pèlerins peuvent se replonger dans une expérience de foi profonde à partir de la liturgie et la prière. Notons que dans cette dynamique, la liturgie et la vie de prière peuvent transformer les simples participants à la patronale « en une communauté qui célèbre et transmet la foi trinitaire en Dieu Père et Fils et Esprit Saint » (IL 97). 
La célébration des fêtes patronales est une chance pour la paroisse lui permettant « d’éveiller l’identité baptismale de chacun afin qu’il sache être un témoin authentique de l’Évangile, et qu’il sache rendre raison de sa propre foi » (IL 118). Les fêtes patronales dans leur célébration liturgique décrivent la foi de la communauté, la foi des pèlerins, comme une foi dynamique. Elles font de la paroisse la servante de la foi, un lieu d’éducation à la foi ou pour la foi, la foi en Christ mort et ressuscité. 

b) Une manifestation de l’Église comme mère et éducatrice de la foi 
Notre réflexion sur la paroisse comme lieu liturgique et cellule vivante de l’Église au service de la foi nous permet de voir que l’Église réalise sa mission de mère et d’éducatrice de la foi d’abord par la liturgie de la fête du saint Patron, ensuite par les diverses formes de piété populaire qui coïncident avec cette fête qu’elle encadre. Car la liturgie nourrit et éduque la foi. Par la liturgie des fêtes patronales, l’Église cherche à alimenter la foi des fidèles. L’Église ne garde pas pour elle-même le trésor de la foi. Comme le souligne le Pape François dans Lumen Fidei, « celui qui s’est ouvert à l’amour de Dieu, qui a écouté sa voix et reçu sa lumière, ne peut garder ce don pour lui »[56]. Les fêtes patronales sont des occasions pour l’Église de communiquer sa foi à un plus large public. Elle est un lieu pour initier à la foi pascale, la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité : « Un parcours de croyant ne commence pas forcément par le ²vivre², il peut aussi commencer par le ²célébrer² »[57]. Outre les célébrations de mariages, baptêmes, premières communions et funérailles, les fêtes patronales rassemblent toutes les catégories de fidèles ou de curieux, de gens qui n’ont peut-être aucune pratique religieuse. L’Église a pour tâche de leur témoigner sa foi et leur manifester sa sollicitude pastorale. De ce point de vue, elle invite les fidèles quels qu’ils soient à entrer dans le « nous ecclésial ». Le Pape François souligne : « Cette ouverture au ²nous² ecclésial se produit selon l’ouverture même de l’amour de Dieu, qui n’est pas seulement relation entre Père et Fils, entre ²moi² et ²toi² mais, qui est aussi dans l’Esprit un ²nous², une communion de personnes » (LF 39). Il est vital pour les pèlerins d’entrer dans une telle démarche grâce aux dispositions mises en place pour célébrer les fêtes patronales. C’est à travers l’agir et la foi de l’Église que les fidèles doivent découvrir le chemin qu’a parcouru le saint Patron de leur paroisse : un chemin pascal. 
Cela nous porte à dire que la célébration des fêtes patronales peut être un lieu pour éduquer à la foi de manière non savante. Il semble qu’elle est l’un des lieux où la foi chrétienne peut être accueillie dans une grande simplicité. Dans le premier chapitre, nous avons souligné quelques limites d’une telle célébration. En revanche, c’est une occasion pour l’Église d’aider les pèlerins à entrer dans une vraie relation avec Dieu par l’intermédiaire du saint qu’ils honorent. Ainsi, éduquer les fidèles à la foi devient une tâche inhérente pour les aider à entrer dans l’intelligence des fêtes patronales, l’intelligence du mystère pascal du Christ accompli dans la vie des saints. Le DPPL ne manque pas de nous donner des indications claires et précises pour éduquer les fidèles à la foi dans le cadre de la célébration des fêtes patronales : 

Il faut que la fête du saint soit préparée, puis célébrée avec beaucoup de soin, tant du point de vue liturgique que pastoral. 
Ce qui exige avant tout une présentation adaptée de la finalité pastorale du culte des saints, totalement destiné à célébrer la gloire de Dieu, « admirable dans ses saints », et aussi à encourager les fidèles à conformer leur vie à l’enseignement et à l’exemple du Christ, en imitant les saints, qui sont les membres éminents de son Corps mystique.
De plus, il faut que la figure du saint soit présentée d’une manière appropriée. Selon la conception très juste de notre époque, il convient qu’une telle présentation se base moins sur des faits légendaires, qui entourent parfois la vie du saint, ou sur ses qualités de thaumaturge, que sur la valeur de sa personnalité chrétienne, la grandeur de sa sainteté et l’efficacité de son témoignage évangélique, ainsi que sur le charisme personnel grâce auquel il a enrichi la vie de l’Église[58].

Ces textes du Directoire nous montrent en quoi il faut éduquer les fidèles : une bonne préparation de la fête des saints (la fête patronale), une célébration bien soignée dans sa dimension liturgique et pastorale afin d’aider les fidèles à célébrer la gloire de Dieu, les initier à conformer leur vie à l’esprit de l’Évangile, à suivre l’exemple du Christ en prenant appui sur ceux qui les ont précédés dans la gloire, à imiter leur foi ; bref, à entrer dans l’action de Dieu. Comme nous l’avons déjà souligné ci-dessus, c’est à partir de la liturgie qu’on conduira les pèlerins à faire un chemin de foi les conduisant à la rencontre du Christ mort et ressuscité. À ce titre, elle éduque les fidèles à offrir à Dieu un véritable culte liturgique. Ce culte véritable, selon Joseph Ratzinger, c’est l’intériorité de l’homme, une intériorité qui devient elle-même adoration[59]. C’est à cela que l’Église cherche à orienter l’esprit des fidèles dans la célébration des fêtes patronales dans une grande communion avec les saints, membres de la Communauté céleste. 

c) Une mise en évidence de la communion des Saints
La célébration des fêtes patronales met en évidence la communion entre les croyants, la communion entre l’Église du ciel et celle de la terre. La Constitution sur la liturgie en est une évocation : 

Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l’hymne de gloire ; en vénérant la mémoire des saints, nous espérons partager leur communauté ; nous attendons comme Sauveur notre Seigneur Jésus Christ, jusqu’à ce que lui-même se manifeste, lui qui est notre vie, et alors nous serons manifestés avec lui dans la gloire (SC 8)[60].

La liturgie que nous célébrons nous met dans une tension eschatologique. Déjà, Hélène Bricout nous aide à distinguer entre « participation » et « avant-goût ». D’après son enquête, la notion de « participation » suppose une communauté de célébration et celle d’« avant-goût », une anticipation[61]. À travers la liturgie que nous célébrons, nous participons à la liturgie des saints. C’est une espérance pour les chrétiens. Car avant-goût ne veut pas dire totalité. Cela suppose une attente, une progression dans la foi. Toutefois, les deux liturgies s’appellent mutuellement pour chanter la gloire de Dieu : « la liturgie terrestre est une participation à la liturgie céleste, c’est-à-dire un événement commun réunissant dans l’acte de louange l’Église terrestre et les citoyens des cieux »[62]. La louange est un acte commun entre ceux qui participent au mystère pascal du Christ : les citoyens du ciel et les baptisés. Hélène Bricout précise : « La louange est l’activité principale et la spécificité des sauvés ; elle concerne donc d’abord les habitants des cieux ; mais puisque les baptisés sont des sauvés en espérance, leur louange est légitime et trouve son origine dans la louange des anges et des élus »[63]. Cela exprime la solidarité qui existe entre les baptisés qui pérégrinent sur la terre en menant le combat de la foi et ceux qui sont entrés définitivement dans la vie bienheureuse, sans oublier ceux qui se purifient après s’être endormis dans la foi car l’Église à chaque Eucharistie fait mémoire d’eux. C’est l’Église dans son déploiement comme Corps mystique du Christ, l’Église dans sa communion, l’assemblée des saints. 
Achiel Peelman la définit comme « un mystère de solidarité sans limites »[64]. La communion des saints comme mystère de solidarité, poursuit-il se réalise sur terre entre les membres de l’Église, mais elle dépasse les frontières de l’Église pour s’étendre à toute l’humanité[65]. Ce mystère de communion entre les membres de l’Église n’est pas la solidarité des membres d’un « club ». Elle a sa racine en la Trinité qui est mystère de foi et d’amour, mystère de communion. La communion entre les membres du même Corps est possible grâce à celui qui donne l’influx, le Christ Tête de l’Église. 
De ce point de vue, la célébration des fêtes patronales devient une occasion de manifester le lien de charité entre les membres de la communauté chrétienne et dépasser ses frontières. Elle rassemble les riches et les pauvres dans une même foi. Cette communion se réalise par l’Esprit Saint. C’est à chaque Eucharistie que nous mesurons la portée de cette communion. Toutes les préfaces terminent en invitant l’assemblée eucharistique à s’unir à l’Église du ciel pour bénir et chanter la gloire de Dieu. Cependant, il paraît très pédagogique de l’entendre et de l’accomplir dans la célébration des fêtes patronales comme lieu d’annonce du mystère pascal du Christ dans sa totalité. 
Plus haut nous avons dit que la communion des saints exprimée dans la célébration des fêtes patronales nous permet de comprendre que les saints sont nos compagnons de route dans la foi. Joseph Ratzinger dit que « Les saints manifestent le divin dans l’humain et l’éternel dans le temps. Ils sont nos maîtres en humanité, ils ne nous abandonnent ni dans la souffrance ni dans la solitude, et même à l’heure de la mort ils cheminent à nos côtés »[66]. En fait, ce compagnonnage est une école de foi. Les saints nous éduquent à l’obéissance de la foi et à la reconnaissance de la primauté de l’amour de Dieu sur nous. Ils nous éduquent à écouter l’Évangile et à choisir la bonne part, c’est-à-dire la vie du ciel, le Royaume à venir mais qui est déjà au milieu de nous. Ce que Dieu a réalisé pour les saints, il le déploie pour nous aussi. Car « de même que la sainteté de Dieu implique un mystère de participation et de communion, de par la nature même de l'Amour divin qui est de se donner, de se communiquer, ainsi la glorification des saints est ouverte et il n'y a pas de frontière étanche entre eux et nous »[67]. La liturgie des fêtes patronales nous rappelle cela et nous fait communier dans cette même source de la sainteté en recourant à leur intercession. Car les saints sont au service de la communion de l’Église. Ils nous entraînent dans la vie de foi en Christ et ils nous aident à intensifier notre vie ecclésiale. 

En guise de conclusion
Dans ce travail, le parcours que nous avons fait à l’aide de l’étude du « mystère pascal » chez Aimon-Marie Roguet et la potentialité qu’il ouvre nous a permis d’envisager la célébration des fêtes patronales comme un lieu ecclésial majeur de l’annonce du mystère pascal dans sa totalité. Cela nous a conduit à montrer en quoi le versant « résurrection » du mystère pascal apporte quelque chose au peuple haïtien et aux fêtes patronales. 
Les fêtes patronales dans leur rapport avec le mystère pascal signifient que la mort n’a aucun pouvoir sur ceux qui ont suivi le Christ dans sa Pâque. Donc, elles sont des lieux dans lesquels et par lesquels se manifeste la foi de l’Église en célébrant la victoire de la vie sur la mort accomplie dans la vie des saints. Cela fait valoir automatiquement le primat de la liturgie sur toutes les autres activités qui font partie de ces célébrations. Elles font célébrer les actes de salut de Dieu pour son peuple. En même temps, elles montrent que la Pâque du Christ continue aujourd’hui et arrivera à son achèvement « lorsque le nombre des élus sera complet, lorsque le Corps du Christ aura atteint sa stature parfaite »[68]. D’où l’importance de ces fêtes qui font progresser les fidèles dans l’espérance de cet achèvement.
Cela conduit à relire les fêtes patronales dans la dynamique de la communion des saints. Entre l’Église du ciel et l’Église de la terre, il y a une parfaite harmonie. C’est en union avec toute l’Église que le peuple chrétien rend un culte de louange à Dieu. Cette unité de l’Église (terrestre et céleste) est faite par le Christ qui est la Tête dans la puissance sanctifiante de son Esprit. Ainsi comprise, les fêtes patronales permettent au peuple chrétien de continuer à suivre le Christ en comptant sur l’aide de l’Église. Les croyants s’avançant dans la confiance vers l’accomplissement du Royaume en eux, peuvent s’appuyer sur les autres chrétiens qui sont déjà dans la gloire du Père. 
De ce point de vue, les fêtes patronales comme lieu d’annonce du mystère pascal dans sa totalité ne demandent-elles pas une existence eschatologique et l’ouverture à une éthique baptismale ? Le quatrième chapitre prendra en compte cette question.

Père Diesel PHAT



[1] Patrick Prétot, « Le culte des saints et le mystère pascal », LMD 237, 2004/1, 143-165 ; Pierre Jounel, « Le culte des saints dans l’Église catholique », LMD 147, 1981, 135-146 ; Jean Hild « Le mystère des saints dans le mystère chrétien », LMD 52, 1957, 5-18 ; Paul Houix, « La liturgie, œuvre de sanctification », LMD 201, 1995/1, 11-27.
[2] Aimon-Marie Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », LMD, 67, 1961, 5-22.
[3] La notion de « mystère pascal » s’est élaborée dans le mouvement liturgique. D’origine casélienne, elle s’est développée dans la théologie du XXe et du XXI siècle. Voir Louis BouyerLe mystère pascal, Paris, Cerf, « Foi vivante » 6, 1965 ; Raniero Cantalamessa, « Le mystère pascal dans la liturgie », Dictionnaire critique de la théologie, Paris, Presses universitaires de France, 1998, 853-854 ; Pietro Sorci, « Mystère pascal », Dictionnaire encyclopédique de la liturgie, t. 2, Turnhout, Brepols, 2002, 69-84 ; Romano GuardiniLa résurrection du Christ, fondement de notre foi, Paris, « collection du Laurier » 235, 2005.
[4] Aimon-Marie Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », LMD, 67, 1961, 5-22, p. 6.
[5] Ibid., p. 9.
[6] Id.
[7] Ibid., p. 13. 
[8] Ibid., p. 15.
[9] Aimon-Marie Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », p. 15.
[10] Id.
[11] Ibid., p. 17.
[12] Olivier ClémentJoie de la résurrection, Paris, Salvator, 2015, p. 99. 
[13] Notre réflexion s’inspire de Aimon-Marie Roguet que nous avons déjà cité ci-dessus dans la présentation de son article sur le mystère pascal. 
[14] M. DenekenLa foi pascale, rendre compte de la résurrection de Jésus aujourd’hui, Paris, Cerf, « Théologie », 2002, p. 241.
[15] A. Puig i TàrrechJésus, une biographie historique, Paris, Desclée de Brouwer, 2016, p. 792. 
[16] Voir A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », p. 14.
[17] Les exercices du chemin de croix du Vendredi Saint rassemblent plusieurs paroisses et des milliers de fidèles. Les différentes stations sont mimées et exécutées dans les rues des villes et villages. 
[18] Ce n’est pas une critique, mais une remarque constructive pour repartir de la catégorie du mystère pascal, de la résurrection. Par exemple, dans l’ouvrage de Micial NerestantL’Église d’Haïti à l’aube du troisième millénaire, déjà cité, considéré comme une somme de la vie de l’Église en Haïti, publié dans le cadre de la préparation du jubilé de l’an 2000, la notion de Pâques (Pâque) ou de mystère pascal est quasiment absente pour ne pas dire totalement absente. C’est la preuve d’un manque d’utilisation de cette notion dans la pratique pastorale et le vocabulaire  théologique en Haïti. 
[19] M. NerestantL’Église d’Haïti à l’aube du troisième millénaire, p. 32. 
[20] Cf. Mt 28, 1-10.16-20 ; Mc 16, 9-20 ; Lc 24, 13-35.36-49 ; Jn 20, 11-29 ; 21, 1-14.
[21] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », p. 18.
[22] O. ClémentJoie de la résurrection, p. 46. 
[23] Id.
[24] Ibid. p. 47. 
[25] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? »,  p. 19.
[26] François-Xavier DurrwellLe mystère pascal, source de l’apostolat, Paris, Éditions Ouvrières, 1970, p. 157.
[27] Cf. Ac 2, 22-36 ; 1 Co 15, 1-11.
[28] Nous nous sommes inspirés de la réflexion de Aimon-Marie Roguet dans la conclusion de son article sur le mystère pascal qui devient familier de notre parcours. 
[29] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », p. 21. 
[30] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal ? », p. 22. 
[31] M. DenekenLa foi pascale, p. 489.
[32] Id.
[33] L. BouyerLe mystère pascal, p. 9. 
[34] M. DenekenLa foi pascale, p. 19.
[35] Cardinal Chibly LangloisHomélie pour la solennité de saint Joseph, cathédrale de Fort-Liberté, le 19 mars 2014 : [ Si Jezikri pat leve byen vivan, lafwa nou nan favè Bondye fè tout Sen yo pa tap chita sou anyen. Se paske Jezikri leve byen vivan ki fè nou kwè tout moun ki mouri nan fè volonte Bondye, y ap viv koulye a ak Bondye nan syèl la].
[36] DPPL, n. 211, p. 75. 
[37] Bernard Soudé, « Le culte des saints », SNPLS, Portail de la Liturgie Catholiqueliturgiecatholique.fr, consulté le 2/01/2017. 
[38] P. Prétot, « Le culte des saints et le mystère pascal », p. 147.
[39] Pietro Sorci, « Mystère pascal », Dictionnaire encyclopédique de la liturgie, t. 2, Turnhout, Brepols, 2002, p. 83.
[40] DPPL, n. 77, p. 76. 
[41] Id.
[42] Ibid., n. 77, p. 76.
[43] DPPL, op. cit., n. 77, p. 76.
[44] P. Prétot, « Le culte des saints et le mystère pascal », p. 145. 
[45] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal », p. 22. 
[46] Pour fonder cette approche, je me suis inspiré de Raniero Cantalamessa qui aborde le mystère pascal sur deux plans : le plan liturgique ou communautaire et le plan existentiel et personnel. Voir son ouvrage Le mystère pascal, Paris, Salvator, 2000, p. 77. 
[47]Raniero CantalamessaLe mystère pascal, p. 77-78.
[48] Ibid., p. 92. 
[49] Paul Houix, « La liturgie, œuvre de sanctification », LMD 201, 1995/1, p. 13. 
[50] M. DenekenLa foi pascale, p. 491.
[51] L. ChauvetSymbole et sacrement, p. 177.
[52] C’est un thème cher à la Conférence des évêques de l’Amérique Latine et des Caraïbes que nous reprenons ici. Voir DA, n. 170-177. 
[53] E. Schweizer, « L’Église, corps missionnaire du Christ », L’Église aujourd’hui, Paris, Desclée, 1967, p. 79. 
[54] L. BouyerLe mystère pascal, p. 16.
[55] Voir le Synode des évêques, XIIIème  Assemblée générale ordinaire, La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, Instrumentum Laboris, Cité du Vatican, 2012, n. 18. Pour les prochaines références à ce document, nous utiliserons le vocable de Instrumentum Laboris en IL.
[56] Pape François, Lettre encyclique sur la Foi, Lumen Fidei, publiée le 29 juin 2013, n. 37. Pour les prochaines références à ce document nous utiliserons LF.
[57] Michel Scouarnec, « Liturgie et évangélisation. Des clivages surmontés », LMD 216, 1998/4, 59-72, p. 69.
[58] DPPL, n. 231, p. 190. 
[59] J. RatzingerLiturgie et mission, Paris, Artège, « Les Indispensables », 2007, p. 54. 
[60] Sur ce numéro de SC, voir Hélène Bricout, « La liturgie terrestre, participation à la liturgie céleste », LMD 285, 2016/3, 11-32. 
[61] H. Bricout, « La liturgie terrestre, participation à la liturgie céleste », p. 16.
[62] Id.
[63] Ibid., p. 27.
[64] A. PeelmanLa communion des saints, approches chrétiennes et amérindiennes, p. 6. 
[65] Id.
[66] J. RatzingerÉglise et théologie, p. 225. 
[67] Boris Bobrinskoy, « La liturgie, célébration de la sainteté de Dieu et de ses élus », LMD 201, 1995/1, 29-33, p. 32.
[68] A.-M. Roguet, « Qu’est-ce que le mystère pascal », p. 17.

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